L'Australie,
la Grande-Bretagne
et le Canada
pendant la
Seconde Guerre mondiale
| Acronymes et abbréviations | À propos de L'art, témoin des conflits |

« Leur plus belle heure » : le Commonwealth britannique en guerre

Télécharger « Leur plus belle heure » : le Commonwealth britannique en guerre (Version complète) en format PDF (126Kb)

Des Australiens prennent d'assaut une position fortifiée allemande. Musée canadien de la guerre, 19890223-194 ref. d811.g7
Des Australiens prennent d'assaut une position fortifiée allemande.

La Grande-Bretagne et les dominions sont les seules puissances qui aient participé à la guerre de son début en septembre 1939, à sa fin en août 1945. Leurs forces ont servi sur tous les théâtres de la guerre : des étendues de l'Atlantique battues par les vents aux ciels, forêts et campagnes d'Europe, en passant par les déserts d'Afrique du Nord et jusqu'aux jungles et les mers d'Asie du Sud-Est. Chaque pays était engagé à fond dans l'effort de guerre et certains, principalement la Grande-Bretagne, mais aussi l'Australie, ont subi des attaques directes.

Le débarquement à Rangoon, mai 1945.  Un canon de 25 livres est monté à force d'homme sur les berges abruptes d'une rivière près du lieu de débarquement. Musée canadien de la guerre, 19890823-0321 ref. D811.G7
Le débarquement à Rangoon, mai 1945. Un canon de 25 livres est monté à force d'homme sur les berges abruptes d'une rivière près du lieu de débarquement.
Sept corvettes quittent Halifax pour St-Jean, Terre-Neuve, en mai 1941 pour établir la force d'escorte de Terre-Neuve. Musée canadien de la guerre 19810814-001 ref. D773
Sept corvettes quittent Halifax pour St-Jean, Terre-Neuve, en mai 1941 pour établir la force d'escorte de Terre-Neuve.
Un avion d'entraînement Harvard au-dessus de l'école du service de l'aviation de l'Aviation royale canadienne à Uplands, près d'Ottawa, où de nombreux Australiens complétèrent leurs formation de pilotage. Australian War Memorial, photo no.128180. AN19840571-001
Un avion d'entraînement Harvard au-dessus de l'école du service de l'aviation de l'Aviation royale canadienne à Uplands, près d'Ottawa, où de nombreux Australiens complétèrent leurs formation de pilotage.

Le XXe siècle a vu l'Empire se transformer en Commonwealth et la Seconde Guerre mondiale a constitué une phase critique de changements majeurs. La guerre a remis en question la tendance des Britanniques à considérer comme uniques les intérêts de la Grande-Bretagne et de ses dominions et la réponse de chaque pays à la guerre a témoigné d'une conscience croissante qu'il était possible que les intérêts nationaux puissent prévaloir sur la cause commune. Par exemple, l'Australie a déclaré la guerre à l'Allemagne immédiatement après la Grande-Bretagne et d'autres dominions ont adopté une position plus indépendante. Le Canada débattit pendant sept jours de son éventuelle entrée en guerre. Plus tard au cours du conflit, on a observé la tendance contraire. Alors que le Canada, non menacé, envoyait des troupes en Italie et dans le nord-ouest de l'Europe, le gouvernement australien décidait de retirer la plupart de ses forces d'Europe et de concentrer son effort de guerre contre la menace japonaise au pays. Chaque pays considérait ses intérêts nationaux par rapport aux conséquences de l'appartenance à l'Empire et à l'alliance.

La guerre que livraient ces trois nations, Australie, Grande-Bretagne et Canada, prenait des visages différents. Ces différences ont influencé à la fois l'expérience et le souvenir de la guerre pour les trois pays. Le Canada a de la guerre un souvenir essentiellement atlantique (en 1945, sa marine était devenue la plus importante après celles des grandes puissances) ou relatif à la libération de l'Europe occidentale. Des Australiens ont servi au sein de la Huitième Armée du Commonwealth et du Bomber Command, mais le souvenir qui prédomine est celui de la guerre contre le Japon. La Grande-Bretagne, principale puissance alliée (du moins jusqu'à l'entrée en guerre des États-Unis) a envoyé des forces dans presque tous les théâtres d'opérations. Pendant six ans, elle a maintenu des forces importantes sur plusieurs grands théâtres : dans l'Atlantique, dans la guerre aérienne au-dessus de l'Europe, en Afrique du Nord, dans la Méditerranée, ainsi que dans le sud-est asiatique. Il n'y a guère de zones de la guerre où le Commonwealth britannique n'ait pas contribué.

Les artilleurs de la huitième armée battirent le climat et le Géneral Kesselring.  Un tracteur D.6 tirant un canon de 5,5 pouces de l'Artillerie Royale hors de la boue et vers une position plus stable. Musée canadien de la guerre, 19930031-028 ref D811.G7
Les artilleurs de la huitième armée battirent le climat et le Géneral Kesselring. Un tracteur D.6 tirant un canon de 5,5 pouces de l'Artillerie Royale hors de la boue et vers une position plus stable.
Ethel Mitchell effectuant une petite soudure sur le chargeur d'un fusil-mitrailleur Bren. Neuf mois plus tôt, avant de commencer à travailler, tout comme d'autres soudeuses, elle a suivi un cours de trois semaines à l'école secondaire sur les techniques de soudure au chalumeau. Remarquez les lunettes de sécurité et le protège-bras. National Film Board of Canada. Photothèque / Library and Archives Canada / C-075211
Ethel Mitchell effectuant une petite soudure sur le chargeur d'un fusil-mitrailleur Bren. Neuf mois plus tôt, avant de commencer à travailler, tout comme d'autres soudeuses, elle a suivi un cours de trois semaines à l'école secondaire sur les techniques de soudure au chalumeau. Remarquez les lunettes de sécurité et le protège-bras.
Le Premier Ministre fait son émission publique du Jour de la victoire en Europe.  Le Premier Ministre, M. Winston Churchill au microphone. Musée canadien de la guerre - 19890223-042 ref da566.9c5
Le Premier Ministre fait son émission publique du Jour de la victoire en Europe. Le Premier Ministre, M. Winston Churchill au microphone.

L'exemple de coopération entre nations du Commonwealth le plus frappant demeure peut-être la guerre aérienne au-dessus de l'Europe et plus particulièrement l'offensive de bombardement. Le Plan d'entraînement aérien de l'Empire (qui allait devenir le Programme d'entraînement aérien du Commonwealth amenait des stagiaires de Grande-Bretagne et de tous les dominions dans des centres de formation partout au Canada pour en faire des équipages dans les forces aériennes du Commonwealth. Cela donna naissance à une force aérienne véritablement du Commonwealth où l'uniforme était distinct (les Australiens portaient un uniforme bleu violet, alors que les Britanniques et les Canadiens portaient le bleu plus clair de la RAF), mais où la langue, la culture, la formation, le jargon et, surtout, le risque partagé étaient communs.

Dans les trois pays, la vaste majorité des forces armées était constituées de civils devenus soldats, marins ou aviateurs le temps du conflit. La Grande-Bretagne avait augmenté ses forces régulières et de réserve au moyen d'un plan de conscription datant d'avant la guerre mais, pour le Canada comme pour l'Australie, le service outre-mer demeurait, dans une grande mesure, volontaire. Toutefois, plus tard au cours de la guerre, des conscrits australiens ont combattus en Nouvelle-Guinée et dans les îles. Dans les trois pays, les hommes, et de plus en plus de femmes, devinrent une main-d'œuvre pouvant être enrôlée dans les services ou dans l'industrie. Les exigences du service et de l'économie de guerre ont marqué profondément la Grande-Bretagne où une très grande proportion de la population travaillait dans les services ou dans l'industrie militaire, ou était impliqués dans des travaux volontaires lié à la guerre.

L'Australie et le Canada ont chacun eu à déplorer 40 000 morts au sein de forces d'environ un million d'hommes. La Grande-Bretagne, alors avec 47 millions d'habitants, a dénombré plus de 300 000 morts, chiffre disproportionné qu'expliquent les pertes civiles de ce pays, tant sous les bombardements que dans la marine marchande. En Australie et au Canada, tous les morts, sauf quelques centaines, étaient membres des forces armées, la grande majorité étant morts outre-mer. Les pertes de l'Australie relativement à sa population (sept millions par rapport aux onze millions du Canada) sont attribuables à la proportion substantielle de morts (plus de 8000) parmi les prisonniers des Japonais. Toutefois, en raison d'un plus grand engagement dans la force aérienne au-dessus de l'Europe, autant de Canadiens sont morts dans l'Aviation royale du Canada que d'Australiens pendant toute la guerre contre le Japon, soit environ 17 000. Chacune des nations du Commonwealth avait donc des motifs de pleurer et de commémorer les sacrifices exigés par la guerre. Cependant, il faut se rappeler que les pertes subies par les nations défaites, l'Allemagne et le Japon, ou par les grandes victimes de la guerre, l'Union soviétique et la Chine, ont été supérieures.

Cimetière militaire Sage, Oldenburg, Allemagne Musée canadien de la guerre photo ref
Cimetière militaire Sage, Oldenburg, Allemagne
Cimetière militaire du Commonwealth britannique, Yokohama, Japan Musée canadien de la guerre, ref. photo Black Book 45B
Cimetière militaire du Commonwealth britannique, Yokohama, Japan

La Grande-Bretagne et les deux plus grands dominions, l'Australie et le Canada, se sont chargés du gros de l'effort de guerre du Commonwealth pendant la Seconde Guerre mondiale. (La contribution de l'Inde dans son ensemble a évidemment éclipsé celle des dominions dits « blancs », mais l'Inde indépendante s'est vite désintéressée d'une guerre qu'elle jugeait avoir été livrée pour l'empire.) Soixante ans plus tard, le monde a donc changé. Pratiquement tous les pays ayant fait partie de l'Empire ont acquis leur indépendance. Le Commonwealth a également changé, mais il demeure reconnaissable. Les liens qui l'ont poussé à soutenir l'effort de guerre entre 1939 et 1945 subsistent, mais ils se sont relâchés. Maintenant uni par des sentiments, un héritage, une amitié, des épreuves sportives et des valeurs communes plus ou moins fragiles (et pas toujours égales aux pressions de l'intérêt économique), le Commonwealth demeure un important forum mondial. L'anniversaire de la victoire finale qui a été généralement considérée comme la plus belle réalisation du Commonwealth, est l'occasion idéale pour se souvenir des efforts et des réussites communs du Commonwealth en guerre.

Peter Stanley
Australian War Memorial



Australian War Memorial Musée canadien de la guerre Imperial War Museum